Les repas mixés en EHPAD

par Jan 25, 2020alimentation

Les repas mixés en EHPAD : Outils de motivation pour sensibiliser au risque de dénutrition.

Voici différentes expériences de techniques « manger main » ou « finger food » dans différents EHPAD en France.
Les résultats sont concluants.
Regardez…

Un cuisinier de l’entreprise SODEXHO en EHPAD est passé aussi au « Finger food »

Depuis 2011, à la Maison de Solemnes EHPAD dans le département 95, l’équipe de cuisine, les soignantes et le médecin coordinateur vous expliquent les bienfaits de cette méthode pour certains résidents.

A Laval dans le département 53, l’équipe a franchi le cap aussi en 2014.

Afin de lutter contre le risque de dénutrition chez la personne âgée en EHPAD, un travail est mené pour améliorer la variété et la présentation des repas, travailler sur les textures modifiées et développer le plaisir de manger pour les résidents les plus dépendants.

Contexte

Une équipe de cuisiniers inventive et motivée, une équipe de soignants soucieuse d’équité dans la composition des repas pour l’ensemble des résidents de l’EHPAD, une nouvelle responsable de résidence diététicienne de formation et une direction du CCAS à l’écoute : voici les ingrédients ayant permis de développer le plaisir des yeux, l’éveil des papilles et l’autonomie des résidents les plus dépendants au moment des repas.

Progressivement, les applications pratiques et concrètes de ce projet ont permis d’aborder des notions plus théoriques et encore peu développées dans la résidence : le dépistage et la prise en soins de la dénutrition de la personne âgée.

Objectifs :

  • Améliorer la présentation et la variété des repas à texture modifiée et permettre le plaisir de manger pour les résidents les plus dépendants.
  • Permettre aux résidents les plus dépendants de garder leur autonomie avec proposition de menus « manger mains ».
  • Proposer sous un faible volume des apports nutritionnels satisfaisants tout en facilitant la prise alimentaire.
  • Réaliser une formation commune de sensibilisation au risque de dénutrition à l’intention du personnel soignant et de restauration des trois résidences de l’EHPAD du CCAS de Laval (outil MOBIQUAL).

Description / Fonctionnement de l’action

Une fois le principe de la démarche acté et présenté au Conseil de vie sociale et au personnel, il a été procédé de la manière suivante :

  • Achat du matériel : blixer, plateforme et chaise de pesée. De nombreuses recettes développées au quotidien, présentées sous forme de test au personnel et aux résidents, puis en Conseil de vie sociale.
  • Maîtrise de l’emploi de l’agar-agar (gélifiant naturel).
  • Menus mixés élaborés à partir des ingrédients du menu classique, présentés en « manger mains » chaque fois que possible.
  • Proposition de sessions de formation « risque dénutrition », en interne, à partir de l’outil Mobiqual, animées par la directrice de l’EHPAD (diététicienne de formation).

En parallèle, formation des agents et suivi du projet :

  • 2 sessions de 2 heures de formation interne pour les 45 agents,
  • 3 sessions de 2 heures pour la rédaction de la procédure de prise en soin de la dénutrition (groupe de 6 personnes, représentant les trois résidences),
  • 2 heures pour l’évaluation de la procédure (groupe de 6 personnes).

Le manger mains : autonomie et plaisir de manger à son rythme :
Voici du tabouret à gauche / au milieu des concombres / à droite des carottes.

Variété des textures et des présentations : plaisir des yeux et des papilles.
A votre avis que va t’on manger ?

Bilan

Dès la mise en place de l’action, les visages des résidents les plus dépendants ont exprimé surprise et plaisir au moment du repas grâce au manger mains. Soignants et cuisiniers ont travaillé ensemble pour contribuer à développer des valeurs essentielles telles que le plaisir, l’estime de soi et l’autonomie. L’ensemble du personnel a ensuite pu aborder des notions plus théoriques autour de la dénutrition, et mettre en place une procédure de dépistage et de prise en charge de la dénutrition, commune aux trois résidences de l’EHPAD.

La démarche est unanimement reconnue par les résidents et leurs proches, et le personnel souhaite continuer à s’inscrire dans cette dynamique. Aussi, il est envisagé de poursuivre l’action et de l’étendre à l’ensemble des résidences de l’EHPAD, en les dotant du même matériel. Dans un contexte financier contraint, la direction du CCAS et de l’EHPAD réfléchissent aux solutions dont elles disposent pour procéder à ces investissements.

Moyens

Dépenses
Achat robot-coupe Blixer : 1 500 €
Achat plateforme : 900 €
Achat chaise de pesée : 500 €
Formation du personnel soignant et de restauration + frais de remplacement : 5 000 €
Vacations d’une diététicienne (1 an) : 7 000 €
Total : 14 900 €

Recettes
Budget investissement EHPAD :1 500 €
Budget investissement EHPAD : 900 €
Budget investissement EHPAD : 500 €
Subvention ARS des Pays de la Loire pour la formation du personnel : 5 000 €
Subvention ARS Pays de la Loire pour vacations diététicienne : 7 000 €
Total : 14 900 €

Les partenaires

  • Partenaires opérationnels
  • Personnel soignant et de restauration des trois résidences EHPAD du CCAS de Laval
  • Membres du Conseil de vie sociale (CVS)
  • Direction du CCAS de Laval

Ils financent l’action.

Accompagnement et soutien des équipes : ARS Pays de la Loire pour l’intervention d’une diététicienne, une demi-journée par semaine pour les 3 résidences.

Les observations du CCAS/CIAS

Cette action peut être étendue à tout EHPAD, ayant en charge la préparation des repas de ses résidents, qui souhaiterait initier une démarche similaire.

retrouver toutes les infos sur le site de l’UNCCAS.

 

À Lille aussi dans le département du Nord l’expérience est concluante.
Une diététicienne stagiaire lance la méthode dans un EHPAD Public et son travail fait boule de neige….

Cécile Ingelaere, diététicienne à l’hôpital gériatrique Les Bateliers dans le département 59 expérimente ce projet culinaire concluant aussi.

 

« L’altération progressive des facultés cognitives entraine à plus ou moins court terme l’oubli de l’usage de certains objets comme les couverts. Le Manger-Mains permet à ces personnes de retrouver ou maintenir leur autonomie en se servant de leurs doigts pour manger mais également de renouer avec les sens (le toucher, l’odorat). Le repas redevient un moment de plaisir et de convivialité »

Proposer du Manger-Mains à l’hôpital

L’aventure manger-mains de l’hôpital gériatrique Les Bateliers débute à l’arrivée en 2012 de Cécile Ingelaere, diététicienne, pour un stage de 4 mois dans le cadre de sa licence professionnelle.

L’objectif de son stage est ambitieux : mettre en place la solution manger-mains pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et maladies apparentées et qui ont des difficultés à manger seuls ou à utiliser leurs couverts.

Après s’être renseigné auprès des structures proposant du manger-mains (comme les EHPAD), elle mène un travail d’observation auprès des résidents permettant ainsi d’identifier les personnes pour lesquelles la solution pourrait être intéressante.

Bien qu’être atteint de la maladie d’Alzheimer est un facteur potentiel pour adresser cette solution, il ne doit pas être le seul facteur à identifier.

Manger avec les doigts, tâtonner sur le plateau ou encore avoir des difficultés à manger proprement malgré la mise en place de couverts et vaisselles adaptés sont des critères à prendre en compte.

Le projet intègre également un travail important de recherche en cuisine. Les cuisiniers n’ayant pas la possibilité de réaliser eux-mêmes les bouchées (trop peu de résidents concernés), le choix est fait de sélectionner des aliments facilement préhensibles mais qui soient aussi faciles à mastiquer et à déglutir pour les patients dysphagiques (produits industriels, terrines de légumes, de poisson, pâté, fromage, gourde de yaourt, compote, crème,…).

La création des menus passe alors par un calcul minutieux de l’apport nutritionnel et un travail sur la variété des produits servis.

Obtenir l’adhésion du personnel, des familles et des résidents !

Avant de mettre en place le manger-mains, l’adhésion du personnel et de la famille est essentielle.

Des réunions du personnel (soignant et en cuisine) sont organisées pour faire goûter les produits et chaque famille est informée.

3 repas complets sont finalement servis chaque semaine pour une dizaine de résidents.

En effet, alors que les entrées et desserts sont servis chaque midi, le manque d’alternatives pour le plat ne permet pas alors de garantir une variété suffisante pour éviter la lassitude.

Malgré tout, des fiches de suivi alimentaire et un contrôle du poids mis en place avant et après l’introduction du manger-main montrent pour les patients ciblés une meilleure consommation alimentaire et une reprise de poids.

Pour les équipes, revoir certains patients manger de nouveau seul et avec plaisir reste dans tous les cas la plus belle des victoires…

Les plus du projet à retenir

  • Après 3 ans, le projet continue à vivre grâce aux outils mis en place par Cécile Ingelaere désormais diététicienne à l’hôpital gériatrique Les Bateliers.
  • Les soignants se chargent d’identifier les personnes pour qui la solution manger-mains peut-être intéressante, preuve de leur adhésion et de leur implication dans le projet.
  • Cécile Ingelaere et l’ensemble des équipes souhaitent aujourd’hui déployer leur solution nouvelle car adaptée au milieu hospitalier au Centre Hospitalier Régional Universitaire de Lille et en particulier en psycho-gériatrie.
Malgré les contraintes que représente la réalisation de quelques dizaines de plateaux manger-mains sur plus de 7000 plateaux servis, les équipes persuadées de l’intérêt de la solution pour lutter contre la dénutrition et améliorer la qualité de vie des patients souhaitent que cette solution puisse être proposée au plus grand nombre.

Alors en résumé à Lille il faut PRENDRE SOIN des résidents à travers l’alimentation.

Prodiguer des soins de qualité

Respecter les droits et libertés individuelles

Ecouter avec attention et empathie

Nouer un climat de sécurité et de confiance

Donner du sens aux soins

Réagir avec professionnalisme

Eclairer nos pratiques professionnelles d’un regard éthique

Soutenir la personne soignée et ses proches

Offrir l’accès au soin pour tous sans discrimination

Impliquer la personne soignée dans sa prise en soin

Négocier un projet de soin individualisé

Dans le sud de la France aussi à Agde la méthode appelée « Alimains » est testé pour tous les résidents.

Manger avec les doigts, ce n’est plus mal vu et encore moins interdit. Dans certaines maisons de retraite, cette pratique est même encouragée désormais, spécialement pour les résidents atteints de maladies dégénératives.

L’EHPAD Villa Clémentia à Agde expérimente depuis le début de l’année les repas sans couverts, avec un menu spécialement pensé pour être mangé avec les mains.

On appelle ça les repas « alimains ». Menus colorés, ludiques et thérapeutiques, car faciles à manger. Dans cette maison de retraite, ils sont proposés à tous les pensionnaires, une fois par mois.

Mais ils sont spécifiquement destinés aux résidents du secteur protégé, dont la plupart sont atteints d’Alzheimer. Ces menus leur permettent de prendre le repas – presque – sans aide.

Une idée simple, mais qui permet de stimuler la motricité et d’entretenir l’autonomie. « Les couverts sont une angoisse pour certains patients. Ils ont des difficultés à s’alimenter« , explique Elisa Vatin ergothérapeute dans cet Ehpad. Avec les mains « on prend, on goûte. On a moins d’angoisse, moins de troubles du comportement. Il y a un risque de dénutrition pour les personnes âgée, d’autant plus avec la maladie d’Alzheimer. Avec les troubles du comportement et les déambulations, il est important qu’ils puissent manger tout le repas.« 

Alors pourquoi pas vous Ehpad de demain ……