Un EHPAD en Hongrie
Après avoir passé la nuit dans le bus entre Grenoble et Paris pour éviter les grèves de train de la SNCF, j’ai pu attraper au vol mon avion à Paris Charles de Gaules.
Lors de mon attente à l’aéroport, j’ai rencontré un chorégraphe international franco hongrois qui avait des contacts à Budapest. Il a pu me mettre en lien avec des établissements de qualité.
En échangeant avec 4 personnes au téléphone, j ‘ai décidé de contacter une jeune interprète, Klara, qui venait de finir son master. Elle était très humaine et avait dans sa famille une personne avec la maladie d’Alzheimer. Elle était donc sensibilisée au problème.
Avec son sens du contact, on allait pouvoir toutes les deux pousser les portes et mettre en lumière des actions concrètes et positives dans le domaine de la dépendance.
Après avoir fait connaissance dans un café puis échangé sur mes objectifs de visites, nous avons préparé notre entretien.
Nous avons sélectionné un établissement de renom en plein coeur de la capitale, qui nous avait été conseillé : Maltai Szeretetszolgalat au 1011 Budapest Bem rkp.28
voici le lien du site : https.//maltai.hu/gondviseleshaza
Visite d’un établissement de l’Ordre de Malte
Tout d’abord cette association fait partie de l’ordre de Malte.
C’est l’une des plus anciennes institutions de la chrétienté. Cette association exerce aujourd’hui sa vocation dans plus de 120 pays à travers le monde en assurant des actions dans les domaines de l’urgence, de la santé, de l’eau, de la nutrition, des catastrophes… Elle propose une aide aux réfugiés, aux personnes en situation de précarité, de handicap et de dépendance.
Cet ordre religieux est neutre, apolitique. Il dispose du statut d’observateur permanent auprès des Nations Unies.
Des professionnels compétents et des bénévoles dévoués mettent leur savoirs : savoirs faire et savoirs être au service de personnes en souffrance.
Un bâtiment imposant à Budapest
Dès notre arrivée à Budapest ,on constate que la demeure est imposante.
Elle est face au parlement juste devant le Danube en plein centre ville de la capitale.
On peut voir sur la photo un gros bâtiment de 3 étages avec une cour intérieure.
Des véhicules sont stationnés devant l’entrée pour assurer l’urgence vitale et les activités à l’extérieur régulièrement.
Tous les résidents se retrouvent donc dans un quartier central avec une vue magnifique sur un édifice mondialement connu.
Un fonctionnement règlementé
C’est un établissement qui accueille 76 résidents âgées entre 62 et 99 ans. L’âge moyen est de 80 ans.
Les personnes âgées sont réparties sur 3 unités : une unité pour « les autonomes », une unité pour les « partiellement autonomes déambulants » et une unité pour les « déments peu autonomes ».
Le prix de la prestation varie en fonction de leur pathologie et de leur biens propres : entre 143 000 HUF soit 476€ et 147 000 HUF soit 500€ par mois toute charges comprises (hébergement, nourriture, médicament, gestion linge, animation).
La prestation revient au maximum à 90 % du revenu de leur retraite d’après la directrice.
Une grille nationale permet de quantifier les besoins en soin. Pour rentrer dans cette maison il faut avoir 40 points.
Au travers de 15 questions et 4 réponses possibles on attribue des points en fonction des réponses. Par exemple une personne qui marche côte 0 point / une personne alité côte 4 points…
L’infirmière coordinatrice coordonne l’équipe de soin, remplace la directrice si besoin, prépare les médicaments de tous les résidents. Il n’y pas de partenariat avec une pharmacie. Elle fait le tour individuellement de tous les résidents une fois par jour pour vérifier si tout se passe bien dans les unités et dans les chambres. Pour elle il est impensable de rester dans son bureau.
12 soignantes s’occupent des résidents soit 1 soignante pour 6 résidents.
2 docteurs (médecin généraliste et un psychiatre) rendent visite aux malades 2 fois 4 heures par semaine pour les soigner si besoin pour leur prescrire des traitements et pour gérer les urgences.
Un kiné assure le maintient à la marche, des massages et propose de la danse assise.
Une psychologue est présente 2 fois par semaine pour proposer des échanges et de la relaxation en groupe.
Une attention quotidienne
Tous les résidents bénéficient de cinq repas par jour préparés sur place ; un petit déjeuner, un déjeuner, un goûter, un dîner et une collation nocturne.
La grande fierté de la direction est qu’aucun des résidents n’est dénutri.
Une soupe très riche type goulasch est proposée tous les midi et soir en début de repas.
La durée de séjour peut aller jusqu’à 20 ans.
« Par contre la mort qui est bien sûr inévitable, n’est pas abordée comme un passage négatif mais comme un moment positif d’intimité. C’est l’ultime moment final de la vie qui nous permet de nous reposer et de ne plus avoir mal. Même si les proches souffrent de notre départ, le résident qui est bien préparé part serein et paisible.«
Quelle belle philosophie de vie et d’accompagnement en fin de vie.
Des activités journalières
Tous les jours, deux ou trois activités sont proposées aux pensionnaires par deux animatrices dans l’institution.
Pour les « malades alités » elles se déplacent à leur chevet et en fonction de leur demande leur fait faire du crocher de la couture, du chant ou leur font la lecture… Pour elles être alité n’est pas un problème en soi.
Des plaisirs quotidiens
Pour les autres personnes qui sont valides, elles proposent des activités diverses :
- écoute de livres sonores
- jeux musicaux
- accordéon, harmonica
- lecture
- chant
- activités manuelles et artisanales
- dessin
- visionnage de films dans la salle de cinéma
- fêtes traditionnelles
- fêtes anniversaires mensuelles
Un travail sur la mémoire en permanence
Des activités à l’extérieur sont proposées chaque semaine par groupe de 12 maximum
Ces sorties se font à pied, en bus, en tram ou en minibus avec ou sans les familles et parfois avec des bénévoles qui sont au nombre de 15 dans la stucture.
Voici quelles sont les activités préférées des séniors.
- marché
- zoo, cirque
- concert, opéra
- musée
- danse folklorique
- visite, promenade en bateau
Comme l’état hongrois a développé une politique autour du bénévolat. les lycéens ont 50 heures de bénévolat à faire pour valider leur bac et les étudiants en travail social 200 heures. C’est donc plus facile aussi pour assurer des sorties extérieures en toute sécurité.
Des sorties à l’extérieur pour maintenir le lien social
On retiendra surtout 4 activités fortes informelles ou formalisées.
- La pause café journalière qui est un instant de partage et d’échange pour parler de l’actualité.
- Une activité course qui permet de faire des achats en prévision d’une activité cuisine ensuite.
- Une activité « poste » qui permet aux résidents de maintenir leur compétence pour retirer de l’argent , envoyer un courrier ou acheter des timbres.
- Un journal mensuel qui est écrit tous les mois pour retracer des évènements importants de la maison.
Si les Résidents ne peuvent pas écrire l’animatrice écrit à leur place. Tout est fait pour les inciter à écrire même si c’est seulement quelques mots. Les personnes qui font l’effort peuvent avoir un livre en couleur et les autres en noir et blanc.
En fait tout est sujet à communication et à mémorisation soit individuellement soit par groupe tout au long de la journée.
Elles sont présentent sur une plage horaire de 7h30 /16h ou de 8h/16h30.
Elles assurent des taches administratives, le budget des sorties, les activités et le partenariat avec les bénévoles.
Après recherche avec l’interprète l’équivalent du SMIC en Hongrie est de 360€ par mois.
Les impôts à déduire représente 15% du montant du salaire.
L’équivalent du minimum vieillesse est de 95€ par mois soit 4 fois moins qu’en France mais la vie est moins chère en Hongrie.
En 2h30 nous avons découvert les points forts de cette structure grâce à 4 personnes.
- la directrice de la structure
- l’infirmière coordinatrice
- les 2 animatrices.
Félicitation pour votre travail à toutes les 4.